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  • Intermittence

    Il est ici, depuis trois jours, moi aussi je suis ici, depuis toujours, je ne l’ai pas encore vu, j’étais impatiente, j’attendais sa rencontre, je fredonnais de bonheur, j’avais un air dans la tête, comme si je chantais une chanson sans parole, mes yeux brillaient, j’attendais mais il n’a pas hâte, il n’est pas encore venu, j’attendais et puis j’ai abandonné, il finira par venir, demain, après demain.

    S’il ne vient pas, ne sera ce que détail, il est absent, ici et là.

    Je me résigne, que je le veuille ou pas, dans cette pièce je suis que figurante, j’ignore quelle main tire les ficelles, une main qui ligote mon destin, mon marionnettiste, je ne vois pas son visage, je le connais pourtant, c’est qu’il me sorte de la boite que j’occupe depuis presque deux ans, ma boite étroite et de plus en plus vide, il me caresse tendrement, et il me traine jusqu’à la piste, les lumières m’aveuglent, le bruit m’assourdi, je vacille, et je me laisse emportée, il commence doucement à promener ses mains dans tous les sens, ses mains habiles me donnent vie, ses fils me transfèrent ses vibrations, ses fils se réchauffent, secouent mes entrailles, je me laisse écouler dans ce délicieux courant de perpétuel balancement, il me chavire, me fait faire des tours, et je le suis, malgré moi, voulant résister je me fais renforcée par d’autres ficelles, transparentes presque invisibles, rigides, inébranlables, je sens sa force, le poids de sa présence, son souffle, je m’exulte, je suis sur scène, je suis au centre, je suis à lui, il me regarde, il me ranime, je me sens légère, vivante, moi la marionnette au cœur de bois, frêle et frileuse, je bande, je bourdonne, je ronronne de béatitude.

    Je ne vois pas couler le temps, les lumières s’abaissent, les voix se taisent, je le cherche, mes pieds ne touchent plus au sol, je m’envole, je fini dans ses bras, mon visage contre son cœur, la plus belle musique que je puisse rêver d’écouter, je règle ma respiration à ce rythme, je m’y attache, mais je le perd, ce cher bruit, il s’éloigne, je le cherche, il fait noir, autour de moi, ma boite froide et sombre, je réalise alors que le spectacle est fini, il part, moi je reste, une fois dans mon trou, je ne souhaite que ne plus y revenir ou ne plus en sortir.

    Cette boucle infernale de jeu d’émotions, c’est ma vie, je me résigne, il viendra, demain ou après, il se rapproche, j’entends ses pas, et s’il ne vient pas, ne sera ce que détail, il est absent ici et là.

  • Pas simple

    Je passe une semaine bizarre, pour commencer j’ai changé de lit, je colle du papier peint vert bambou avec hibiscus oranges et marrons sur un mur blanc de ma chambre (je n'ai pas encore vu le résultat final), j’ai fait un tour dans un touc-touc (amusant), j’ai gouté la tarte à la résiné ( la terrible tarte vaudoise, bonne et mauvaise à la fois), j’ai découvert que je ne suis pas inscrite à la faculté ( le grand choc!) et que j’ai les fesses et les cuisses plus gonflées que d’habitude (autre choc, le ventre et les flancs souvent mais jamais ça!!!)  je n’ai pas de vêtements de saison (vraiment!) et je ne veux pas faire le shopping, là où je vais on ne parle que de la grippe A (l'école d'architecture fermée pour cause), les gens s’affolent pour l’Aïd et les moutons se baladent partout jusqu’aux banquettes arrières des BMW (ils seront égorgés par la suite!), je n’irai pas chez maman pour la fête( pas de voiture et je hais faire les 60km en transport public), je ne veux pas manger de la viande, mon amoureux sera là après demain, je me sens moche, j’ai peur de foirer son court séjour, j’ai peur de ne le voir que peu, j’ai peur pour lui de moi, je pète les plombs, simple !

  • Calme

    Echouer ce n’est pas un fait c’est un sentiment, ainsi je le sens, je vois une partie de moi tomber dans un gouffre, qui n’est pas réellement un gouffre, je vois mes vingt ans passer comme un éclair, je me vois distraite, un écho d’Omara Portuondo évoquant cet amour d’il y’a vingt ans.

    C’est pourtant idiot de s’arrêter au milieu du chemin pour regretter ce qu’on n’a pas encore découvert, moi, je suis idiote consentante.

    Le temps n’est pas un monstre, je suis simplement incapable de me placer dedans, je songe à l’avenir, je rêve du passé, je maudis le présent, je perds le moment et je n’échappe pas à sa fatalité

    Je ne fais rien, une expression courante et métaphorique, mais quand je la prononce je déclare littéralement mon absence, je suis ici mais ailleurs, ailleurs n'existe pas, je ne fais rien, je m’allonge pendant des heures, fenêtres ouvertes, soleil lumineux, enfuie sous mon cache-yeux marron, je me plonge dans une inertie ahurissante, je ne bouge plus, je ne pense plus, ma déchéance s’accentue, et je continue à m’ignorer, je prends du poids, je pâlis, je me dégarnis, j'oublie, je vieillis chaque jour d’une année.

    Le reste du temps je fais des choses avec mes amis ou ma famille, des choses sans importances, juste pour dire je vis encore.

    Je suis censée être heureuse, c’est vrai, mais ce n’est plus une question de bonheur, la question c’est « est ce que je peux encore réussir ou est ce que j’ai déjà échoué ? » le bonheur c’est sentir qu’on a réalisé quelque chose, peu importe du moment où « réaliser » se conjugue au passé à la première personne du singulier, réaliser est un verbe divin, Dieu (ou cette force suprême) réalise et accomplit toute chose, quel bonheur que de ressembler à son créateur !

    Je ne veux plus réaliser quoique ce soit, j’ai seulement réalisé que je désire vivement un calme absolu, je désire que personne ne compte plus sur moi, je désire que personne ne tient plus à moi, que personne ne soit déçue, qu’on m’oublie, que je les oublie, que je disparaisse, calme.

     

     

     

  • T'as d'beaux yeux tu sais!

     

     

    Je n’ai pas écris ces derniers temps, je suis distraite, hier une de mes amies s’est fiancée, et on était pris par les préparatifs de la cérémonie, mais ça me manque, écrire.

    J’étais distraite, je n’ai pas fais attention à lui aussi, et il me manque trop, bientôt il sera là, enfin il ne reste plus que quelques jours, je l’attends impatiemment, je ne veux pas m’exciter très tôt, mais ça me prend comme une vague de joie, bientôt nos yeux seront unis dans un regard pure, continu, débarrassé des barricades des écrans de nos ordinateurs.

    Ses yeux me manquent, ses yeux, qui me connaissent, ses yeux qui me considèrent, quel plaisir que de voir cette admiration dans ses yeux, je me sens vivre, je me vois dans ses yeux, je prends des formes et des couleurs.

    Ses yeux noirs derrière ses lunettes, un délicieux cocktail, un Bloody mary, on dit qu’il est extrêmement difficile de trouver un Bloody Mary convenablement préparé, mais si on en boit un « vrai » on ne le quitte plus, ses yeux pour de vrai, forment un mélange précis et précieux, je ne me rassasie jamais.

    Ce sacré mélange, trois quart de jus de tomate doucement acidulé et exquis, légèrement édulcoré, le goût de ses yeux naturels, ensorcelants, enfantins, drôles, un quart de vodka, claire, limpide, flambante, comme ses yeux transparents, ardents, perçants, du jus de citron en gouttes, trouble, amer, dégage mystère et gravité de ses regards, les épices parfumés, l’aigre-doux du sel et de la tomate font le contraste, l’étonnant mélange que je vois dans ses yeux, me plaque dans la confusion, un petit garçon en poste de direction, un adulte innocent, un enfant accompli, un homme malicieux, un adolescent maladroit, un grand séducteur, une sagesse, une force, un caractère, un feu froid, une assurance, un estime, une douceur dissimulée presque timide.

    Ses regards se passent des mots, ses regards désemparants me déconcertent, ses regards me transpercent et me chatouillent, ils écoulent une tendresse, ils réclament une tendresse, ils m’aiment et je rends le regard, l’un reflet de l’autre, l’on se passe des paroles, le contact saisissant, le souffle retenu, nos cœurs battent à se rompre, on savoure le langage magique des âmes affolées de désir, on s’approche lentement sans bouger, on savoure l’union fervente des corps éloignés, il s’empare de moi, j’avale ce cocktail jusqu’à sa dernière goutte, je déglutis ma salive, mais ses yeux déclenchent en moi une sorte de réflexe pavlovien, je bave, Prévert s’impose, inversant les rôles, comme Gabin et Morgan, je murmure « T’as d’beaux yeux tu sais !" et je réplique. "...embrasses moi ! »

     

     

  • United colors of benetton

    "Celui qui ne choque pas n'est pas un artiste"

     Olivero Toscani

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  • Premier souvenir

    Il m’arrive souvent d’évoquer mon enfance, pour mieux comprendre ma personne, parce qu’il faut que l’on s’auto-analyse, je cherche toujours la provenance de certains comportements, j’essaye de savoir quand et comment j’ai commencé à agir de la sorte, beaucoup de personnes disent n’avoir aucun souvenir d’enfance, mais pas moi, mon premier souvenir remonte à l’âge de… deux ans, personne ne me croit quand je le dis mais j’ai des preuves, j’ai parlé à ma mère je lui ai décris des scènes dont elle était témoin, et d’une manière très précise qu’elle a fini par me croire.


    Quand ils se sont mariés mes parents ont vécu pendant quatre ans seuls dans un appartement au septième étage d’un immeuble de la fin des années 70, avec pour voisins des jeunes couples et des familles d’immigrants russes, moi et ma deuxième sœur sommes nées dans cette maison, j’y ai passé mes trois premières années, puis ils ont déménagé dans une autre maison que je déteste, cet appartement est le seul chez moi que j’ai jamais eu, je ne suis jamais retournée là bas, ma dernière année dans cette maison était remarquable, j’ai vu l’éveil de ma conscience, mes interactions avec le monde extérieur et avec mon propre corps, et j’étais très attentive d’une manière inconsciente, comme dans un état d’extrême lucidité, j’étais page blanche et puis d’un coup, après cette nuit, le monde a pénétré dans ma tête comme un big-bang, la partie humaine de mon cerveau a commencé à fonctionner et il ne s’est jamais arrêté depuis, sauf volontairement.


    Cette nuit, je me rappelle comme une scène de film que je viens de voir, c’est hallucinant, mais je ne me trompe pas, ma mère avait peur quand je lui ai avoué que j’ai commencé à mémoriser cette nuit, elle pensait certainement aux choses qu’on m’a laissé voir en croyant que j’étais inconsciente, « ce n’est qu’une enfant », pourquoi se méfier!


    Cette nuit, une nuit d’été très chaude, je l’ai réalisé parce que, dans mon souvenir tout le monde était en petite tenue, et que j’étais mal, et que je me soulageais dés qu'on m’approche d’une des fenêtres ouvertes, quelque chose de frais appaisait cette pression que j’avais là haut, dans le visage, je pense que j’avais les traits tendus, et que je pleurais et pleurais, sans cesse.

    Je me rappelle que quand on m’approchait des fenêtres je ne sentais plus besoin de pleurer, mais puisque je flottais dans l’air, quelqu’un me portait, je ne pouvais pas empêcher cette personne de m’éloigner de la fenêtre alors je m’énervais et je pleurais, je criais d’une petite voix aigu qui m’énervais encore plus quand je l’entendais.

    On m’a posé sur une petite moquette, mais j’ai marché maladroitement vers le carrelage blanc, j’avais arrêté de pleurer, je me rappelle la différence entre les deux matières, la texture, la température, j’ai aimé toucher le carrelage pieds nus, et puis j’ai trébuché, ma culotte rose gonflée a amorti le choc sur mes fesse, mais à l’intérieur de la culotte, il y’avait le même malaise que quand on m’éloigne des fenêtres, il faisait chaud, et j’ai recommencé à pleurer, puis j’avais l’impression que je flottais, tout était noir, je ne pleurais plus, je crois que je me suis endormie.
    Je me rappelle ensuite qu’on m’a fait bougé, on m’a changé de place, j’avais les yeux fermés mais j’ai senti une lumière forte à l’endroit où on m’a porté, Mama dit que je me suis endormie par terre et qu’elle m’a emmené au lit dans une autre pièce, et je me rappelle que j’étais en colère je ne voulais pas changer de place, j’étais bien, alors je me suis réveiller et j’ai recommencé à pleurer, je me rappelle que Mama a essayé de me calmer et que moi je lui en voulais m’avoir transporté loin de cette chose dure et froide qu’est la terre du salon, j’ai demandé du lait, je parlais un peu, des monosyllabes compréhensibles dans mon babillage interminable, et là je vois « P’a », j’appelais mon père comme ça, entrer dans la chambre, avec un gobelet rose pour enfant, mon premier gobelet chéri, un gobelet avec deux anses et un couvercle blanc, il y’avait deux petits trous sur le bec, je savais qu’il fallait boire dans ces trous, mais il y’avait un troisième qui m’intriguait, c’était sur l’autre côté du couvercle et je ne savais pas à quoi ça servait, je pensais alors que je pouvais m’en servir quand je ne veux pas beaucoup de lait, un seul trou pour un peu de lait, deux trous pour plus de lait, j’étais pas si bête à l’âge de deux ans! puis à la maternelle j’ai compris qu’il faut que l’air entre pour que le lait sorte, on remplace un truc par au autre, on ne fait jamais le vide, c’est les physiques non !!


    J’ai pris le gobelet, j’ai bu, une horreur, du lait chauffé, c’est le malaise, c’est encore cette chose affreuse loin des fenêtres, dans ma couche et dans mon lait, pourquoi moi, pourquoi eux ils ne pleurent pas, c’est seulement moi qui sent ça !

    J’étais à nouveau enragée et j’ai pleuré, P’a n’était pas content, mais moi aussi ! et il a commencé à crier, plus fort que moi, j’ai voulu que ma voix soit plus haute, et j’ai hurlé, il est venu vers moi et il m’a frappé, sur les mains, sur les fesses, sur les pieds, je ne me rappelle pas avoir mal, mais il n’était pas gentil, il ne souriait plus, c’était donc différent, ce cercle qu’est son visage n’était pas amusant comme d’habitude, c’est différent, il faut que je vois ça de plus près, j’ai donc cessé de pleurer, et je l’ai regardé, et puis pourquoi il a tapé sur mes mains et mes fesses !
    Pour une bonne période j’ai gardé l’habitude d’accorder à cette chose qu’est la chaleur les traits de P’a mécontent, la sensation dans ma couche et le gout de ce lait chauffé, depuis j’ai commencé à faire pipi sur le pot, à me retenir quand on sort, et ne plus jamais boire du lait chaud !
    Mama était ébahie, mais elle se rappelle bien de cette nuit, les voisins disaient qu’ils préféraient dormir dans un four à m’entendre hurler toute la nuit, en plus c’était ma première claque, il y’a eu d’autres, mes parents nous frappaient souvent moi et mes sœurs (j’étais fouteuse de merde et chef de ce pti gang), pour nous punir (mon cul !), mais je n’ai jamais pleuré, je les observais tout comme cette nuit en mijotant un nouveau plan original pour jouer.
    Je trouve toujours l’origine des mes comportements dans mon enfance. Ce n’est pas seulement une mémoire forte, c’est une conscience, c’est une perception, c’est une histoire personnelle. Pas vous ?

  • SNAPSHOTS 3

    Visages, costumes, coutumes, émotions, couleurs, expressions, portraits de tunisiens, beauté simplissime sans artifices.

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    Homme devant le "Kouttab" de la mosquet de TESTOUR bâtie en 1630, par Sana AKRIMI
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    Femme préparant le pain dans un four traditionnel "Tabouna" à DOUGGA par Nicolas FAUQUE
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    Fillettes berbères dans un village du Djebel Dahar par Issam BM
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    Homme en burnous jouant de la gasba, enfant en kachabiya près de DOUZE pas Issam BM.
  • Lemon tree

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    podcast

  • Beauté infantile

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    J’ai vu une nuée d’étourneaux, une grande masse de petits points noirs qui planent à l’unisson, dans un rythme musical, je me suis perdue dans ce spectacle apaisant, les oiseaux !
    Je ne suis pas si sûre que ce fussent des étourneaux, d’ailleurs je ne sais pas faire la différence entre hirondelle et martinet, mouette et albatros, mésange et moineau, c’est tellement difficile !
    Je vais donc admettre qu’il s’agit d’étourneaux, les étourneaux me rappellent le film italien, « Perlasca, un héro italien », l’acteur Luca Zingaretti, avec des moustaches et une calvitie ronde, le cou entouré des bras d’un enfant espiègle, je ne me rappelle pas avoir vu des étourneaux dans le film, mais les oiseaux me font penser aux enfants, j’aime les oiseaux et les enfants, spécialement ceux qui manquent d’artifices, les plus communs, les plus naturels, les oiseaux et les enfants qu’on voit tous les jours, survolant en masse le ciel d’une ville ou dans une rue jouant aux billes.
    Ces enfants, avec un mélange délicieux d’innocence et malice, naïveté et ruse, insouciance et curiosité, sous cet air miniature, dans des corps indifférenciés d’une délicatesse immuable.
    Ces enfants me font penser à ceux de Sally Mann, Emmet, Jessie et Virginia, (
    Immediate Family) qu’elle a pris soin de saisir le quotidien de leur enfance, dégageant leurs petites personnalités frêles et énigmatiques à travers leurs corps, leurs regards, leurs jeux, elle a suivis leur croissance, elle a palpé les aspects sombres profonds et tabous de l’enfance, de la mort de la vie, elle a esquissé la sexualité de leur monde juvénile, leur sensualité, leur colère, leur amour, leur beauté.
    Elle a crée une approche nostalgique et mystique de ses enfants normaux et ordinaires en surface, c’est ce genre d’enfants qui me plait le plus, j’en étais une moi-même, une banale chenille hermétique comme les autres, mais personne n’a idée de ce qui se mijote à l’intérieur, ni de quelle couleur seront mes ailes.

     

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    PHOTOS PAR SALLY MANN.

  • Trick or treat!

    Ambiance d'halloween, le voisinage plonge dans le noir, tous les révérbéres ont décidé de faire la gréve ce soir, quelques nuages dispercés imbibés par la lumiére du grand Tunis se distinguent dans le ciel par leur couleur orange, soirée poétique et sinistre, loin des festivités, je ne vois que le côté obscure, les esprits du firmament, franchissant les barriéres, je les sens rôder, la lune timide tente de creuser un chemin parmi les flocons oranges aux traits de jack-o'-lantern, elle ne réussit qu'à jeter un bref coup de lumiére froide et terne.

    Et moi j'ai repris mon ancienne habitude de lui écrire, et je me morfonds, je détéste ce faible qui me pousse à le harceler, c'est comme la premiére cigarette après une longue abstinence, une aspiration, une deuxiéme et on en a pour bien longtemps.

    J'écris ce que je fais, ce que je compte faire, ce que je sens, ce que je veux, lui il lit, c'est déja bien (parfois c'est trop long), mais en reparlant plus tard je remarque qu'il n'a rien retenu, même pas les faits simples, comme "j'ai vu ton frére dans un café", tout ce qu'il voit c'est la demie bouteille vide, il est loin, il me manque, il est entouré, je suis jalouse, je suis triste, équivaut à "il est la source de mon malheur", il en a marre lui, je lui file la "rage".

    Je serai ravie à savoir que ma présence compte pour lui, qu'il n'apprécit rien loin de moi, et qu'il peut se sentir triste et seul à cause de ça, c'est humain, c'est naturel, quand on est à deux on est aux anges, chacun pour soi on est dégouté, après un mois on en manque, non?

    Mais jusqu'à avoir la rage, je ne comprends vraiment pas, en littérature arabe préislamique l'on accorde à l'amour deux qualificatifs, platonique ou érotique, nous on se balance entre les deux, maintenant on est à la phase platonique, c'est tout à fait normal d'éprouver des sensations platoniques, c'est normal de souffrir quand on est loin de l'être le plus cher, "la maniére la plus profonde de sentir quelque chose c'est d'en souffrir", ce n'est pas moi qui le dit c'est Flaubert!

    Je ne comprends vraiment pas où est ce je dois me positionner, certainement pas rester neutre, moi soit j'aime soit j'aime pas! soit platonique soit érotique, qui peut prétendre avoir un troisiéme qualificatif? me dire qu'il est possible que deux personnes aient des relations sans pour autant coucher ensembles, je répond que "érotique" ce n'est pas coucher ensembles uniquement, avoir des relations ça reléve de l'érotique, deux personnes s'aiment en érotique doivent garder une certaine distance qui ne dépasse pas le champ visuel, condition brisée, on est au platonique simple, non?

    Mais lui, et parce que c'est lui, toujours exceptionnel, il est quelque part entre les deux, je n'arrive pas à le rejoindre, ni à comprendre, et puisqu'il ne dit rien de ce qu'il sent, je laisse libre cours à mon imagination, et les questions s'entassent, et il s'enrage, de la façon avec laquelle j'intrepréte et je dessine sa vie!

    Il reste inerte, inaccessible, inpénetrable, mystérieux, comme un dieu qu'on doit aimer sans le voir, on prétend le sentir, et à force de se le répeter on fini par y croir dur comme fer!! La preuve c'est que j'arrive toujours à sentir ses bras forts m'enlacer et briser mes côtes quand je lui demande (au téléphone) de me serrer, il suffit de me concentrer sur cette impétueuse envie,  et parfois je pleure!

    Il enferme ses pensées dans une série de matriochkas, enfermée à son tour dans un coffret étanche dans une caverne d'Ali Baba sur une maudite île au trèsor au large de Bermuda, et pour y arriver il me faut sa carte du Maraudeur, sur laquelle "je jure solennellement que mes intentions sont mauvaise" ne fonctionne pas, alors méfait accompli, je comprends que malgré tout l'amour qu'il a pour moi, il est bien là bas, comme un oiseau migrateur, là où il passe se sent chez lui, avec moi, avec une autre c'est pareil du moment où il ne se plaint pas!!

    Se plaindre, est un défaut, il est patient et resistant, comme un roc tout se brise sur lui, rien en semble le déstabiliser, ou alors il ne me confie pas ses faiblesses, moi râleuse et vulnérable, et je veux qu'il se plaint de ne pas être avec moi, j'ai besoin de le savoir, de sentir que je manque à sa vie comme il manque à la mienne, que je fais moi aussi la pluie et le beau temps!!

    Il croit qu'il est une partie de ma vie, pas ma vie entiére, d'après ce que j'écris sur mon blog et dans mes lettres, et ça lui fait mal en quelque sorte, pourtant en réalité moi je suis une partie aussi, alors n'ai je pas au moins le droit d'apprendre de sa bouche que ma présence fait la différence?

    Enfin je dois maudire internet, pour avoir fait du virtuel un eratz approbé de la présence physique, mais d'abord maudire ce faible de ne pas pouvoir m'en dépasser, fallait il que l'on s'aime si on ne peut pas l'assumer?