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La fosse de l'indicible

Par moments je me sens une imitation de moi même, une contrefaçon très mal faite, je réagis comme un automate, et je consomme et j’abime, par moments quand je manque d’inspiration, et que je ne produits plus, même pas un mot gentil pour consoler une personne, quand je me sens pathétique, inutile, un tas de pierres qui attend qu’on le jette, par moments ça m’arrive, on me dit c’est la vie ! Je dis la vie n’est pas un porte-manteau sur lequel on accroche nos échecs et nos erreurs, c’est moi, le problème, je n’arrête pas de penser, de faire fonctionner  mon cerveau à l’épuisement, pour aboutir à rien, c’est moi qui aime la vie, qui la cherche, la trouve, la touche, la goûte, me brûle, me cache, me relance, me déçois, et elle, la joueuse, elle défile ses mirages, des illusions à perpétuité, je me laisse leurrer, et je l’aime un peu plus… « J’aime la vie » n’est ce pas ce livre de Christine Arnouthy, cette belle Kitsch qui aime la vie au point de finir par s’écraser sous les roues d’un camion !

Je manque d’inspiration, pourtant des femmes peuvent être heureuses sans inspiration, avoir ce qu’il faut d’une manière classique, pourquoi je suis embrouillée, et inapaisable, pourquoi je suis rabâcheuse, pourquoi je ne suis pas normale ?

Je manque toujours de quelque chose, mais d’abord je manque de lui, Barbaritto, qui est loin, et engagé dans une autre vie, et qu’on s’aime, une folie ! C’est comme voir qu’on fonce droit vers un mur et qu’on accélère comme même ! Bon je rumine l’histoire, comme on mâche sa propre chaire, c’est douloureux et amer, une autodestruction !

Je ne suis pas cette stupide romantique, alors je me demande si je l’aime vraiment ou si c’est un dessein de mon esprit fatigué, parce que je doute de ma capacité à transmettre un sentiment, si noble. Mais je le veux cet homme, cet homme qui n’est pas à moi, et j’ai inventé des histoires pour m’en dissuader, j’ai menti, j’ai dit l’avoir trompé, je suis partie, j’ai souffert, j’ai fait semblant, je l’ai blessé, mais il est revenu, et il m’a ouvert les bras, et moi enfiévrée, affamée, vaincue, agonisante,  je me suis accrochée, avant tout c’est mon meilleur ami, j’ai cru être capable de l’effacer, je n’ai réussit qu’à effacer la joie de mon cœur, et du sien, et maintenant impossible de l’imaginer subitement absent, pourtant je me torture l’esprit en imaginant la forme de la terre s’il sera dedans, « …un rêve récurant, parfois j’y songe, rarement juste une seconde, ou deux avant de la bannir, choquée, de mon esprit, je suis sure qu’il en va ainsi pour nous tous à propos des gens qu’on aime. C’est le triste corollaire d’un véritable amour, on se trouve obligé d’imaginer l’univers sans son bien-aimé, et d’en contempler une seconde ou deux l’horreur et l’abomination. Un coup d’œil au travers de la fissure sur le vide et le grand silence de l’au delà. » [ La vie aux aguets. William Boyd.]

Quand je pense à cette terreur, de le perdre, de voir une force ténébreuse l’entrainer vers un sommeil eternel, et qu’il est loin, et que personne me laissera le voir, ou lui apporter des fleurs, et que personne me consolera, quand j’y pense j’effleure l’évanouissement, impossible de continuer sans lui.

Que j’ai les idées noires, que je me bourre la tête avec des images machiavéliques, me flatte peu, mais je l’aime fichtrement pour ne pas m’affoler par moments.

Je ne dis rien à Barbaritto, c'est la fosse de l'indicible.

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