
On a découvert à Makter, l’ancienne Maktaris, une inscription archéologique de grande valeur, c’est l’épitaphe d’un paysan qui raconte sa vie, avec un accent de sincérité plein de saveur :
« Je suis né, dit-il, d’une famille pauvre, mon père n’avait ni revenus, ni maison à lui.
Depuis le jour de ma naissance, j’ai toujours cultivé mon champ, ma terre ni moi n’avons pris aucun repos. Lorsque revenait l’époque de l’année où les moissons étaient mûres, j’étais le premier à couper mes chaumes, lorsque passaient dans la compagne les groupes des moissonneurs qui vont se louer autour de Cirta, la capitale des numides, ou dans la pluie qui domine la montagne de Jupiter, alors j’étais le premier à moissonner mon champ.
Puis quittant mon pays, j’ai, pendant douze ans, moissonné pour autrui sous un soleil de fer, pendant onze ans, j’ai commandé une équipe de moissonneurs et j’ai fauché le blé dans les champs des numides.
A force de travailler, ayant su me contenter de peu, je suis enfin devenu propriétaire d’une maison e d’un domaine aujourd’hui, je vis dans l’aisance. J’ai même atteint les honneurs je fus appelé à siéger au sénat de ma cité et de petit paysan devins censeur.
J’ai vu naitre et grandir autour de moi mes enfants et mes petits enfants, ma vie s’est occupée paisible et honorée de tous. »
Ce passage m’a singulièrement touché, extrait d’un vieux livre que j’ai déniché dans le grenier d’un vieux couturier ami de mon père intitulé « Histoire de la Tunisie ». Ce paysan de l’antiquité, pouvant être mon ancêtre, évoque la persévérance et la détermination de ce peuple tunisien parsemé dans nos terres fertiles, qui a longtemps rempli les ventres romains.