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Le temps qu'il reste

Hier j’ai danser, aujourd’hui je suis allée au cinéma, Africart, une belle salle, six spectateurs au fond, et moi à la première rangée, étalée sur deux sièges, j’occupais tout l’espace, et j’avais l’impression d’être dedans, ou que le film s’est échappé de l’écran.

Le temps qu’il reste, film d’Elia Sulaiman, réalisateur palestinien, chroniques du présent-absent, un film conçu dans un esprit de cahier de souvenirs, un scrapbook, une bobine fragmentée, des bribes d’une vie, une première scène magnifique, le chauffeur isrélien égaré, s’arrête au milieu de la tempête, très confus pour avancer, puis les mémos, l’invasion israélienne de la ville de Nazareth,(terre sainte, ni arabe ni israélienne) époque de l’avant Elia, ensuite l’enfance d’Elia, puis son retour, (une épopée, une mini-trilogie, aspirant Le Parrain dont l’un des personnage siffle le thème).

Un dialogue quasi-absent, drôle et court si présent, ce n’est pas un film d’histoire, ni de guerre, même pas intrigue ni message à transmettre, ni critiques, ni conclusion à tirer, le spectateur doit méditer et deviner.

Le réalisateur est le personnage principal, il n’incarne pas un rôle, il a ouvert la mémoire de sa famille et la sienne et il a filmé, Elia, si je me rappelle bien n’a pas soufflé un mot, depuis son apparition dans la troisième partie, il a gardé le même regard triste figé, la même posture d’un spectateur inerte qui redécouvre sa famille ses amis son pays, d’ailleurs les personnages comme Elia ne s’expriment que rarement, ils nous laissent deviner leurs émotions, l’absence de gestualité, leurs visages atones réussissent à dégager une esthétique très profonde, mélancolique et d’une humour décalée, des plans bien cadrés, simples incluant d’autres plus compliqués, (salon calme, oiseaux chantent, télé en mode mute diffusant un bombardement).

En sautant d’une page à l’autre de ce méli-mélo de souvenirs, les scènes hilarantes se défilent, un soldat israélien se hisse sur une brique pour bander les yeux du père d’Elia, un homme grand. Un vieillard qui tente de se suicider quand il se soule, une femme myope qui regarde la télé, deux hommes qui pêchent dans une nuit glaciale, une poignet de soldats leurs pose les mêmes questions, le petit garçon qui jette les plats de lentilles à la poubelle, pleins de scènes deviennent drôles à force de se répéter, et pour finir Elia a même sauté à la perche par-dessus le mur de sécurité, une expressivité fulgurante.

Elia semble accorder un soin méticuleux à la bande-son plus qu’au dialogue, les voies de Fairouz, Ismahâne, Abdelwahab, accompagnent les personnages durant cette vie qui s’étale de 1948 jusqu’à ce jour, on y ajoute la musique techno vers la fin.

Elia Sulaiman, l’acteur et le réalisateur, un mélange de Dustin Hoffman, Charlie Chaplin, Jacques Tati. Avec un arrière gout narquois typiquement oriental.

Un film à revoir, on se pose beaucoup de questions, une seule fois ne suffit pas.


podcast

Une chanson culte, diffusée par la voix d'Ismahân (pas cette version) dans un phonographe que des soldats ont déniché dans une maison abondonnée. Une scène marquant le père d'Elia.

 

 

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